mardi 23 décembre 2008

MOI JE


MOI JE - AUDE PICAULT

Pour qui? Les ados, les adultes... Filles et garçons
Catégorie? Humour - Bande dessinée
Scénario et Dessin? Aude Picault
Éditeur? Warum : la maison d'édition qui fait des livres avec des pages et des dessins et une couverture.






En gros c'est quoi "Moi je"?
L'histoire, légèrement autobiographique, d'une fille râleuse et dragueuse racontée par une fille qui aime boire, séduire et jouer du trombone avec la fanfare.

C'est...

Bien parce que on s'y reconnait ou alors on y reconnait une copine, une soeur, sa petite amie...
Bien parce que les dessins sont épurés et les situations justes.

Petite particularité :
"Moi je" en est à sa troisième réédition et pour celle-ci son auteur, Aude Picault, a entièrement redessinés à la plume les illustrations initialement faites au rotring.
Bref elle offre à son "Moi je" une nouvelle jeunesse.

A propos d'Aude Picault l'inclassable :
Graphiste issue des arts décoratifs, c'est aussi une illustratrice hors pair, œuvrant dans le dessin de presse comme dans le livre pour enfant. Elle est aussi tromboniste dans la formation Funk, Les Ouiches Lorènes.

A se procurer très vite ou à offrir et à feuilleter pour se donner le sourire!

vendredi 5 décembre 2008

A l'assaut d'une forteresse littéraire populaire





MALEVIL
ROBERT MERLE
1972







Résumé :


Emmanuel, maquignon célibataire de son état a racheté la ruine du chateau de Malevil. Il y invite ses amis pour parler des élections municipales à venir. A ce moment une bombe atomique réduit l'ensemble de la planète en cendres. Protégés par la falaise et les murs de pierre, Emmanuel et ses amis ont survécu. Ils ne sont pas tirés d'affaire pour autant. Ils vont devoir tout recréer et tout réorganiser : aussi bien les conditions matérielles, que les conditions politiques et spirituelles. Il faut même réinventer la famille et les liens sentimentaux.


Pour parler de Malevil, j'ai choisi de mettre en regard deux avis, le mien et celui de mon fidèle abonné!

Commençons par le sien...

Bien, je vais vous faire un autre résumé.

Etant jeune, Emmanuel et ses trois amis formaient une bande, le cercle. Leur cachette était un vieux château, Malevil. Et comme tous les gosses, ils jouaient à la guerre.
Alors que le temps les fait devenir hommes, leur lien ne s'altère pas.
Emmanuel héritant des richesses de son oncle, il décide de racheter Malevil et peu de temps après, une bombe au lithium raze la planète.
Désormais, dans un contexte familier (le château de leur enfance) Emmanuel, ses amis et d'autres personnages ne jouent plus à la guerre, mais la font, pour se protéger, survivre et reconstruire.

Par rapport à la quatrième de couverture, ou du résumé qu'en fait Amandine, le mien parrait à côté.
Pourtant, c'est ce que j'ai pensé tout au long du livre.

Je reste perplexe quant à la position de l'auteur sur ce roman.
Quel est son point de vue?
Quelles solutions nous propose t-il?

... On en sera pas plus que ça.
Et c'est pour ces raisons que ça ne m'a pas plus plu que ça.



Pour ma part...
Malevil, ça a été un premier coup de coeur, il y a quelques années. J'avais accroché immédiatement avec le sujet, le style, les personnages...
Et puis je suis retombée dessus par hasard, je les conseillais et j'ai finalement décidé de le relire.
Mais là, au coup de coeur a succédé un coup de déception.

Mais d'abord les points forts de Malevil :


- Le sujet : l'anéantissement de la planète moderne et sa reconstruction.

Le livre a été publié en 1972 et a donc 36 ans d'existence.
A l'époque on a qualifié ce roman de roman d'anticipation. Et c'est bien aujourd'hui d'anticipation, de prévention, de comportement écologique, citoyen... dont l'on nous parle face au danger à laquelle notre planète est exposé (pollution, guerre nucléaire...).
Robert Merle a donc été visionnaire et a ainsi permis à son récit de traverser les années en continuant à nous interpeller.
Nous, humains du XXIème siècle qui avons tous, plus ou moins, imaginés un éffondrement de la Terre.

- L'écriture

On qualifie Robert Merle d'écrivain littéraire populaire.
Il porte bien ce qualificatif car il nous donne un récit accèssible mais faisant preuve d'une grande qualité littéraire tant par le vocabulaire que par la tournure des phrases.
Une belle écriture faisant référence à la langue française qui se fait de nos jours parfois oublier.

- Le goût de vivre

Tout au long du livre, on suit donc les personnages qui vivent en autarcie et qui doivent lutter pour leurs survies.
Par une écriture judicieuse dont je parlais précédemment, l'auteur retranscrit la volonté de vivre de l'être humain. On le ressent pleinement et avec beaucoup d'émotions.
Peut être cela nous rassure-t-il de savoir que l'espèce humaine possède cette capacité à lutter pour sa vie?

Mais...
Parce qu'il y a toujours un mais, voilà mes remarques :

- La narration d'Emmanuel

Robert Merle écrit le roman à travers le récit d'Emmanuel qui devient aussi au fil des pages le chef militaire, spirituel, administratif de Malevil.
Pour ma part ce personnage quasi omniscient et approuvé de tous me devient antipathique.
Il gère de manière monarchique Malevil et donne une vision des autres personnages non-évolutive. Cela devient vite lassant.
Par contre les notes de Thomas qui apparaissent très/trop épisodiquement, donnent un recul intéressant sur l'histoire.

Dans le même genre de roman d'anticipation, on peut essayer Ravages de René Barjavel qui propose sur le même sujet une autre réorganisation de la société.



Robert Merle en quelques dates :

28 août 1908 : naissance à Tebessa (Algérie)

1916 : retour en france

1949 : premier roman Week-end à Zuycoote et prix goncourt

1962 : L'île

1977-2003 : Fortune de France


samedi 22 novembre 2008

Classique... démodable



LE PETIT NICOLAS
JEAN-JACQUES SEMPE
RENE GOSCINNY



On ne présente plus ce livre qui a fait rire des générations de petits et de grands, support d'étude à de nombreux professeurs, un classique!


Résumé :
La maitresse est inquiète, le photographe s'éponge le front, le Bouillon devient tout rouge, les mamans ont mauvaise mine, les papas font les guignols, le directeur part à la retraite, quant à l'inspecteur, il est reparti aussi vite qu'il est venu.


Mais comment est née le Petit Nicolas?
En 1956, Goscinny signe dans un journal belge, Le Moustique, les premiers scénarios du Petit Nicolas dessiné par Sempé.
"La plupart des gags reposent sur quelques grands thèmes de la vie quotidienne - coiffeur, grands magasins, train électrique, bricolage, jardinage. Goscinny maitrise parfaitement l'ellipse et la mécanique du gag en une page..." (Marie-Ange Guillaume).
Mais Sempé ne se sent pas à l'aise dans son rôle de dessinateur de bande dessinée. "Je n'aime pas la bande dessinée. Je n'en ai jamais lu, je n'ai jamais aimé ça. En revanche les dessins humoristiques m'ont toujours passionnés." Sempé.
Ils abandonnent.

En 1959, sur demande, Goscinny et Sempé reprennent leur personnage pour le numéro
de Pâques de Sud-Ouest Dimanche. Ils réalisent une nouvelle illustrée.
" Il (Goscinny) arriva avec un texte dans lequel un enfant - Nicolas - racontait sa vie avec ses copains, qui avaient tous des noms bizarres... C'était parti
: René avait trouvé la formule." Sempé.

Le succès auprès des lecteurs est immédiat. Et le journal leur demande de continuer.

En 1960, les éditions Denoel publient les 19 premiers récits des aventures du Petit Nicolas. Puis viennent ensuite :
- Les Récrés du Petit Nicolas (1961)
- Les Vacances du Petit Nicolas (1962)
- Le Petit Nicolas et les copains (1963)
- ...
Et avec les succès et la célébrité qui ont suivi.



Le temps a-t-il de l'emprise sur Nicolas?
A mon avis : oui!
Le concept de raconter et d'illustrer brillamment les jeux, les mots, les blagues, les bêtises d'un enfant fonctionne toujours. Le hic vient de l'époque. Car les cours de récrés ont bien changé. Les jeux et les préoccupations des enfants ont évolué. On peut toujours le lire ou le relier avec nostalgie (si on a connu les années 50-60, le jour des enfants le jeudi, les jeux de bill
es, etc...).

Ma deuxième remarque vient de la structure des histoires qui est toujours la même et devient vite lassante. Un lieu (salle de classe, terrain de jeux, maison...), une action (prendre une photo, jouer, bricoler...), un dérapage et des personnages aux caractères bien marqués... Mélanger le tout, secouer bien, vous obtenez un brouhaha, un mic mac et hop laisser reposer cinq minutes et le dénouement arrive par un mot d'enfant!
C'est drôle, plutôt attendrissant mais répétitif.


Mention spéciale :

A Goscinny et Sempé! Et à leur Petit Nicolas qui continue son chemin. On fêtera les 50 ans de sa création en Mars 2009, les sorties d'un film et d'un dessin animé sont aussi attendus pour 2009.
Pour les fans, ils peuvent (re)lire ou (re)découvrir les Histoires Inédites du Petit Nicolas volume I et II.


Influences :

Pour les adeptes de parodies, pourquoi ne pas retrouver Nicolas sous les traits d'un malheureusement célèbre Nicolas (Sarkozy) dans Le Petit Nicolas, Ségolène et les copains (2007) ou Le Petit Nicolas à L'Elysée (2007)?

C'est une parodie de la série imitant son style narratif et son dessin, qui place les politiciens français éminents actuels en tant que camarades de classe. Les auteurs se dissimulent sous les pseudonymes de "Gospé" (illustrateur Mario Alberti) et de "Sempinny" (journaliste).

On peut aussi essayer Le Petit Gus de Claudine Desmarteau, directement inspiré de Nicolas mais avec dans les cours de récrés des années 2000.

Y aura-t-il un Nicolas/Gus pour chaque époque?
En attendant bon retour en enfance!

samedi 15 novembre 2008

Le son de son retour




L'IGNORANCE - MILAN KUNDERA
2003 - Gallimard


Lire Kundera me semble incontournable.
Lequel lire? Sans hésiter L'Insoutenable légèreté de l'être (1984)...
Et pourtant, c'est bien de L'Ignorance dont je vous parle d'abord!

Simple choix qui vise à mieux comprendre l'auteur qu'est Milan Kundera.
Son dernier livre qu'est L'Ignorance, publié en 2003 en france, m'apparaît comme une suite de réfléxions sur sa vie d'émigré.
A ce titre et parce qu'il est un personnage se rendant inaccessible, il est intéressant de faire des croisements sur son écriture et son expérience d'être humain.


L
e livre, en bref :


Iréna, veuv
e et mère à la fois, réfugiée à la fin des années soixante, et de retour à Prague vingt ans après; son ami Gustaf, entrepreneur suédois; Milada, vieille complice d'enfance; Joseph, également de retour en Bohême, dans une tchéquie post-révolutionnaire et post-communiste.
Des émigrés sans patrie, arrimés à leur passé qui s'est malgré tout échappé, des individus ordinaires chargés du poids lourd de leur existence, mutilés et blessés dans leur chair. Les destins se croisent, se manquent, se cognent.
Construit en 53 petits tableaux, L'Ignorance est ponctué de discours philosophiques et de remarques géopolitiques articulés autour du Printemps de Prague, en 1968, et de la Révolution de velours, en 1989, de commentaires homériques et le retour d'Ulysse à Ithaque.




Ce que l'on sait de Kundera :

Milan Kundera est
né en Tchécoslovaquie. En 1975, il s'installe en France.
Voilà sa biographie officielle que l'on trouve dans les éditions
françaises. Biographie qu'il exige lui-même.
Kundera est une personne qui garde les éléments de sa vie privée comme des secrets.

En creusant, on apprend :

Romancier et essayiste, Kundera est né en 1929 en Tchécoslovaquie. Après la publication dans son pays natal de La Plaisanterie (1965), qui lui vaut une notoriété immédiate, et de Risibles amours (1968), il est vistime de la répression soviétique après l'écrasement du Printemps de Prague. Ses livres sont interdis, il est privé de son emploi et n'a plus le droit de publier. Dès 1975, il émigre en France où il vit toujours. Il prendra la nationalité française en 1981.


A
partir de ces élèments et de son écriture, il n'y a qu'un pas pour croiser ses sentiments d'émigré avec ses personnages.


J'interprète ce livre comme sa résilience d'émigré.
Il nous livre sa réflexion sur son vécu d'émigré.
Et puisqu'il s'agit de Kundera, il nous enrichit par des réflexions philosophique.
Il nous conte le contexte politique de la Tchécoslovaquie pendant le Printemps de Prague.
Il nous révèle des vérités profondes qui nous semblent tellement banale à lire.
Lire Kundera est un bonheur pour tous ceux avides de questionnements, d'apprendre...
Il nous livre à travers ses personnages un pan de son vécu et on peut entendre résonner le son de son propre retour et l'étendu de l'ignorance de chacun...

On peut l'entendre résonner...
Mais petit bémol, il faut parfois tendre l'oreille et c'est dommage.
A moins d'avoir vécu soi-même un grand retour ou d'être proche d'une personne dans cette situation. On peut avoir du mal à avoir de l'empathie pour ces personnages et leur histoire.

Autre possibilité, le grand retour, comme il le nomme n'est plus ce qu'il est car le monde, nos sociétés évoluent encore et toujours plus vite.
De quoi, de qui se souvient-on?
Chacun est ignorant de l'autre. Chacun s'ignore soi-même.
Et là, ce livre vous emmènera sur des réflexions plus profondes liées à des thématiques actuelles.
A vous de vous laisser porter? Ou non!

Car reconnaissons le, ce n'est pas le meilleur Kundera mais un très bon ouvrage plein de nostalgie et de mélancolie portée par la très profonde réflexion et la très belle écriture de Kundera...



D
ernière petite note amusante quant à la personnalité de Kundera, L'Ignorance a d'abord été publié en Espagne en 2000. Ce n'est qu'en 2003 qu'il accepta sa publication en français. Certains tendent à penser que ce décalage de publication est du à une possible rancune ou appréhension de Kundera envers la critique française qui avait assez mal reçu sa dernière oeuvre.

On ne cerne pas l'auteur mais lui sait nous toucher et c'est aussi bien ainsi!

dimanche 9 novembre 2008

ROMAN... / ... Biographie ?...?...?




JEAN S. - ALAIN ABSIRE - 2004 EDITION FAYARD


  • Résumé :

Le 8 septembre 1979 à Paris, deux motards découvrent le corps de Jean Seberg enroulé dans un plaid au fond d'une voiture. La jolie Patricia d'à bout de souffle est morte depuis dix jours.
On connait la légende : à dix-sept ans, Jean, à peine débarquée de son Middle West natal, est choisie parmi dix-huit mille candidates pour jouer le rôle de Jeanne d'Arc dans un film d'Otto Preminger.
Mais cette fulgurante notoriété est aussi le début d'une lente descente aux enfers.
Au fil des années, ses amours chaotiques,son engagement a côté des Black Panthers, la haine implacable que lui voue le FBI, sa lutte contre l'alcoolisme et l'abus de neuroleptiques entament sa raison. Un séjour de trop en hôpital psychiatrique achève de la détruire.


  • - Roman ou Biographie?
Au départ, je pensais lire une simple, bonne ou mauvaise, biographie de l'actrice américaine Jean Seberg (1938-1979). Et puis finalement je me retrouve dans un roman vrai où l'auteur a choisi la voie de la fiction pour "donner la mesure d'un personnage comme Jean Seberg si complexe et si contradictoire" - Entretien lelitteraire.com.

Avantage de ce roman vrai, on navigue avec Jean au fil de sa vie et des années 60-70. Il y a une vraie ambiance qui se dégage du livre à travers les contextes socio-économiques, les tendances cinématograhiques, les stars, politiciens, hollywood... de ces années là. Pour ma part, je dirais donc instructif et presque fascinant de découvrir de l'intérieur et de l'extérieur la vie d'une femme à travers une époque.

Inconvénient, les sources sont à vérifier et si on cherche une biographie fidèle en tout point de vue à la vie de Jean Seberg mieux vaut aller lire ailleurs!

  • - Intérêt d'artiste:
La manière dont Jean S. envisage et interprète ses personnages, est pour moi fascinant. Elle est, elle devient ses personnages, et ce jusqu'à faire des transferts sur sa personnalité. C'est d'ailleurs, je pense, ce qui a fait sa renommée car elle jouait très sincèrement ces personnages jusqu'à ce qu'ils deviennent elle ou inversement.
Et en même temps cette admiration que l'on peut avoir d'elle pour ce talent d'incarnation (car on n'est plus vraiment dans l'interprétation mais dans l'incarnation) est effrayant puisqu'il l'a petit à petit pousser à bout.

Elle saisit donc le concept d'incarnation d'un personnage mais semble trop gentille, trop généreuse, trop..., trop... pour assumer sa vie avec ses choix.
Pour ma part, elle ne m'apparait pas comme victime ou attachante. Au contraire, on lui en veut presque d'agir selon des idéaux impossible à atteindre.

  • Vie traquée :
Encore une fois, l'auteur et son écriture semblent parfois excusés ses abus, ses addictions au regard de sa fragilité mentale. Pourtant elle mène des raisonnements lucides et logiques sur ces mariages, ces enfants, son alcoolisme mais n'a de cesse de se réengager dans des circuits infernaux.
Et le parallèle avec des personnalités ou non du XXIème siécle me semble pour nous lecteur inéluctable. Et me laisse de mon côté frustré de ces gachis de vie qui s'abime dans des addictions et de ces schémas qui se répètent.


Vous l'aurez donc compris à travers un destin grandiose et tragique d'une actrice américaine, on se retrouve à se questionner sur la personnalité des individus et des chemins qu'ils empruntent.

Je conseillerais donc le livre au fan de Jean S. avec un bémol pour la vision non biographique de sa vie, au personne aimant plonger dans l'intime d'une personne et mettre en parallèle une époque avec la notre.

C'est aussi un bon moyen pour donner envie de se replonger, de découvrir la cinématographie des années 60-70 et de revivre la vie d'une figure emblématique des années soixante.


  • - Filmographie de Jean Seberg :
- Jeanne d'Arc (Otto Preminger), 1957
- Bonjour tristesse (Otto Preminger), 1957
-...
- A bout de souffle (Jean-Luc Godart), 19
59
-...
- Lilith (Robert Rossen), 1963
-...
- Les oiseaux vont mourir au Pérou (Romain Gary), 1967





  • - Alain Absire :
Il est romancier, nouvelliste, essayiste et auteur de théâtre. Il a publié entre autres : Lazare ou le Grand sommeil, L'Egal de Dieu et Le Pauvre d'Orient. Ses deux derniers romans, Lapidation et La Déclaration d'amour sont parus chez Fayard.



dimanche 2 novembre 2008

Question de regard(s)


FRAGILES - MARTINE et PHILIPPE DELERM
2001 - Édition Seuil


J'aime penser qu'il y a toujours une histoire entre le livre et le lecteur.
Pourquoi ce livre? Pourquoi à ce moment là?
Et puis au détour d'une conversation, on me cite cette phrase : "c'est le regard qui fait le monde".

Quelques mois plus tard, j'observe une petite fille avec une écharpe rouge sur la couverture de Fragiles.
A première vue cela pourrait être un livre pour enfants mais les aquarelles de Martine Delerm sont d'une grande délicatesse. Les mots de Philippe Delerm nous guident et soutiennent les illustrations.

Au fil des pages, on découvre que ce livre n'est qu'une question de regard sur plusieurs thèmes : la peur, l'enfance, la naissance, la liberté...
C'est un doux échange de mots et de traits entre les deux auteurs.

Nous, lecteurs, pouvons nous laissons porter au fil des pages.
Ou s'arrêter, revenir en arrière, réfléchir, imaginer, redécouvrir, relire...
Bref on lit, on regarde au grès de son envie et quelque part on enrichit notre propre regard sur le monde.

J'aime aussi penser qu'il y a des livres qui se transmettent parce qu'ils sont beaux. Fragiles en fait partie incontestablement et nous fait du bien.

Je vous donne d'autres titres pour ceux qui apprécient la poèsie écrite et visuelle des Delerm.
Philippe Delerm :
- La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, 1997 (recueil de nouvelles)
- La sieste assassinée, 2001
- Les chemins nous inventent, 1999 (essais)
- A Garonne, 2007
-...

Martine Delerm :
Elle écrit et illustre des albums pour enfants. Elle est aussi auteur de romans jeunesse et de récits pour adultes.
- Funambule, 2007 (à partir de 6 ans)
- Abécédaire, 2005 (à partir de 7 ans)
- Zoé, 2000
...

Et oui Vincent Delerm est bien leur fils. Il sort d'ailleurs un nouvel album "Quinze chansons"...

Pour les irréductibles de la famille, à vos regards!

dimanche 26 octobre 2008

Tragédie greques et légendes africaines



LA MORT DU ROI TSONGOR - LAURENT GAUDE
2002




Prix Goncourt des lycéens 2002
Prix des libraires 2003




Résumé :
Le vieux roi Tsongor, qui a depuis longtemps fait taire ses instincts guerriers, marie sa fille Samilia au prince Kouame. Mais un deuxième prétendant s'interpose, auquel Samilia avait jadis promis sa main. Tsongor refuse de choisir entre les deux hommes. Il se donne la mort avec l'aide de son serviteur, Katabolonga. Une guerre sanguinaire éclate alors entre les deux parties.




Dès les premières pages, on se retrouve happer dans un royaume africain ancéstral prospère. Les personnages par l'écriture de Gaudé nous deviennent familiers instantanément.
Peut être parce qu'il nous les restitue dans leur vérité propre?


Par la mort de leur souverain, le roi Tsongor, chacun des personnages va voir sa vie s'accélerer. Et ce jusqu'à prendre conscience que comme dans les tragèdies grèques, on ne peut échapper à son destin. Chacun doit poursuivre son chemin à travers le deuil, la honte, la défaite...


Au delà de cette thématique forte, l'écriture de Gaudé est envoutante. Il réussit à aborder des sujets noirs avec beaucoup de poèsie et surtout de nous rendre accesssible cette lecture.
Il ne nous reste donc plus qu'à se laisser porter par les mots pour voyager avec ces personnages d'un autre temps.


La mort du roi Tsongor est un roman accessible à tous ceux qui aiment s'embarquer dans des épopées d'un autre temps.
Les 205 pages filent vite, presque trop vite.


Petite mention spéciale aux éditions BABEL et à la photo de la couverture qui m'ont fait un jour de flanerie dans les grandes librairies que l'on connait tous choisir ce livre (cf photo du haut).


Après lecture et si vous avez aimé "La mort du roi Tsongor", vous pouvez retrouver d'autres livres du même auteur :
- "Le soleil des Scorta" 2004, Prix Goncourt 2004, Prix Jean Giono 2004
- "La porte des enfers", 2008
Et pour les amateurs de pièces de théâtre :
- "Combats de possédés", 1999
- "Le tigre bleu de l'Euphrate", 2002
- "Sofia douleur", 2008


Bonne lecture...