MALEVIL
ROBERT MERLE
1972
Résumé :
Emmanuel, maquignon célibataire de son état a racheté la ruine du chateau de Malevil. Il y invite ses amis pour parler des élections municipales à venir. A ce moment une bombe atomique réduit l'ensemble de la planète en cendres. Protégés par la falaise et les murs de pierre, Emmanuel et ses amis ont survécu. Ils ne sont pas tirés d'affaire pour autant. Ils vont devoir tout recréer et tout réorganiser : aussi bien les conditions matérielles, que les conditions politiques et spirituelles. Il faut même réinventer la famille et les liens sentimentaux.
Pour parler de Malevil, j'ai choisi de mettre en regard deux avis, le mien et celui de mon fidèle abonné!
Commençons par le sien...
Bien, je vais vous faire un autre résumé.
Etant jeune, Emmanuel et ses trois amis formaient une bande, le cercle. Leur cachette était un vieux château, Malevil. Et comme tous les gosses, ils jouaient à la guerre.
Alors que le temps les fait devenir hommes, leur lien ne s'altère pas.
Emmanuel héritant des richesses de son oncle, il décide de racheter Malevil et peu de temps après, une bombe au lithium raze la planète.
Désormais, dans un contexte familier (le château de leur enfance) Emmanuel, ses amis et d'autres personnages ne jouent plus à la guerre, mais la font, pour se protéger, survivre et reconstruire.
Par rapport à la quatrième de couverture, ou du résumé qu'en fait Amandine, le mien parrait à côté.
Pourtant, c'est ce que j'ai pensé tout au long du livre.
Je reste perplexe quant à la position de l'auteur sur ce roman.
Quel est son point de vue?
Quelles solutions nous propose t-il?
... On en sera pas plus que ça.
Et c'est pour ces raisons que ça ne m'a pas plus plu que ça.
Pour ma part...
Malevil, ça a été un premier coup de coeur, il y a quelques années. J'avais accroché immédiatement avec le sujet, le style, les personnages...
Et puis je suis retombée dessus par hasard, je les conseillais et j'ai finalement décidé de le relire.
Mais là, au coup de coeur a succédé un coup de déception.
Mais d'abord les points forts de Malevil :
- Le sujet : l'anéantissement de la planète moderne et sa reconstruction.
Le livre a été publié en 1972 et a donc 36 ans d'existence.
A l'époque on a qualifié ce roman de roman d'anticipation. Et c'est bien aujourd'hui d'anticipation, de prévention, de comportement écologique, citoyen... dont l'on nous parle face au danger à laquelle notre planète est exposé (pollution, guerre nucléaire...).
Robert Merle a donc été visionnaire et a ainsi permis à son récit de traverser les années en continuant à nous interpeller.
Nous, humains du XXIème siècle qui avons tous, plus ou moins, imaginés un éffondrement de la Terre.
- L'écriture
On qualifie Robert Merle d'écrivain littéraire populaire.
Il porte bien ce qualificatif car il nous donne un récit accèssible mais faisant preuve d'une grande qualité littéraire tant par le vocabulaire que par la tournure des phrases.
Une belle écriture faisant référence à la langue française qui se fait de nos jours parfois oublier.
- Le goût de vivre
Tout au long du livre, on suit donc les personnages qui vivent en autarcie et qui doivent lutter pour leurs survies.
Par une écriture judicieuse dont je parlais précédemment, l'auteur retranscrit la volonté de vivre de l'être humain. On le ressent pleinement et avec beaucoup d'émotions.
Peut être cela nous rassure-t-il de savoir que l'espèce humaine possède cette capacité à lutter pour sa vie?
Mais...
Parce qu'il y a toujours un mais, voilà mes remarques :
- La narration d'Emmanuel
Robert Merle écrit le roman à travers le récit d'Emmanuel qui devient aussi au fil des pages le chef militaire, spirituel, administratif de Malevil.
Pour ma part ce personnage quasi omniscient et approuvé de tous me devient antipathique.
Il gère de manière monarchique Malevil et donne une vision des autres personnages non-évolutive. Cela devient vite lassant.
Par contre les notes de Thomas qui apparaissent très/trop épisodiquement, donnent un recul intéressant sur l'histoire.
Dans le même genre de roman d'anticipation, on peut essayer Ravages de René Barjavel qui propose sur le même sujet une autre réorganisation de la société.
Robert Merle en quelques dates :
28 août 1908 : naissance à Tebessa (Algérie)
1916 : retour en france
1949 : premier roman Week-end à Zuycoote et prix goncourt
1962 : L'île
1977-2003 : Fortune de France